La guerre, les persécutions, le changement climatique... sont la cause de mouvements de migration de masse, sans doute les plus importants depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est de ceux-ci qu’Incoming rend compte, en se plaçant sur deux des itinéraires d’exil les plus empruntés et les plus dangereux. L’un en provenance de l’Est (Syrie, Irak, Afghanistan) via la Turquie. L’autre en provenance du Sud, de la région du Sahel (Sénégal, Mali, Niger, Tchad, Soudan, Éthiopie, Érythrée) via le désert du Sahara jusqu’à la Libye.
« J’ai utilisé une caméra de type militaire conçue pour surveiller les champs de bataille et les frontières. L’utilisation de cette technologie à contre-emploi crée une expérience immersive qui montre de façon concrète les voyages extrêmement difficiles et souvent tragiques des réfugiés, mais aussi la façon dont nos gouvernements les observent et les considèrent », déclare Richard Mosse.
Sur les images, la chaleur est lumineuse : lorsqu’elle décroit, elle devient moins visible. Cette technologie est une façon pour le photographe de mettre le doigt sur les aspects les plus poignants du combat de ces exilés, qui laissent la chaleur derrière eux pour s’exposer aux éléments, aux vagues glaciales de la mer, aux pluies, à la neige, à la vie dans des tentes ou des abris, à l’hypothermie. Alors que l’attention de la société et des medias a tendance à s’émousser, l’artiste s’interroge : « Comment, en tant que photographe et conteur d’histoire, trouver une manière de continuer à jeter la lumière, de maintenir le caractère brûlant de ces récits urgents de déplacement humain ? ».
Commissariat : Patrick Gyger