Depuis quelques années, la Turquie a été dominée par une tendance très nette à un durcissement politique et idéologique du parti au pouvoir, le Parti de la justice et du développement, sous la houlette de son fondateur et leader le président Erdoğan. Pour beaucoup, il s’agit là d’une dérive autoritaire qui se nourrit de nationalisme et d’islamisme, doublés de populisme et de majoritarisme. Pour l’historien, le défi n’est pas tant de décrire et analyser un système encore en gestation que de s’interroger sur l’existence ou non de permanences pouvant expliquer l’émergence de ce régime. Erdoğan représente-t-il une rupture avec une tradition politique que l’on sentait avancer vers une plus grande libéralisation, ou n’est-il qu’une sorte d’épiphénomène, porté par une mouvance séculaire qui le relie à des antécédents kémalistes, Jeunes-Turcs, voire même plus anciens, remontant jusqu’au règne d’Abdülhamid II ?
Edhem Eldem est professeur au département d’histoire de l’université de Boğaziçi et titulaire de la chaire internationale d’histoire turque et ottomane au Collège de France. Il a enseigné dans diverses institutions, dont Berkeley, Harvard, l’École des hautes études en sciences sociales, l’École normale supérieure, etc.
Il est l’auteur, entre autres, de Un Orient de consommation (Ottoman Bank Museum, 2010) ; Un Ottoman en Orient : Osman Hamdi Bey en Irak, 1869-1871 (Actes Sud, 2010).
L’Institut d’Études Avancées de Nantes, lieu d’excellence et résidence pour les chercheurs en sciences humaines et sociales venus de tous horizons et réunis afin de penser ensemble le monde, sort de ses murs.
Durant l’année 2017-2018, il co-organise avec le lieu unique, chaque deuxième mardi du mois, une conférence qui traite d’un grand sujet de société et d’actualité ayant une forte dimension internationale. Ainsi sera abordée une pluralité de problématiques comme l’avenir du droit du travail, la technologisation de la société, la crise de la représentation politique ou les grands enjeux géostratégiques.
Chaque séance se déroule de la façon suivante : l’intervenant invité présente un sujet et un chercheur résident de l’IEA est discutant afin de donner un éclairage complémentaire. Ensuite la discussion s’engage avec le public.