Une peau tendue dont le monde est le corps. L’enfance se construit ainsi : tout d’abord dans le ventre maternel, une première enveloppe. Et puis l’enfant, « entré » dans le monde, construit comme une bulle autour de lui : les limites de sa perception créent son microcosme. L’enfant grandit ainsi jusqu’à huit, neuf ans, puis la bulle éclate sous la pression de l’extérieur, de la nécessaire socialisation.Et l’adulte passe sa vie entière perdu en un monde qui n’est pas le sien, à tenter de se créer des masques ou des carapaces. Avec l’enfance, il perd sa capacité à construire un continent à sa mesure. Je rêve chaque jour, quand je regarde mes enfants grandir, de prolonger ce lieu, de les aider à s’en souvenir. Lorsque j’ai rencontré la famille Leu, pénétré leurs univers artistiques, j’ai trouvé précisément toutes ces choses. Cette famille sait l’importance de construire son monde. Un univers non-clos, une peau : un lieu de tous les échanges, qui définit les contours d’une identité. Ce corps-monde, ce corps-Leu, permet à chacun de laisser sa création se déployer. Et c’est ce corps polymorphe, généreux en diable, fort comme une aura, qui est offert au regard le temps de cette exposition, comme une enveloppe quasi amniotique.
Soyez les bienvenus dans le monde de la Art Leu Family…
Christian Jelk, commissaire
Commissariat :
Christian Jelk